Russie : problème de logement chez les jeunes

Où se loger? Cette question est sur les lèvres de la quasi-totalité des jeunes en Russie. Le fait de disposer de son propre logement garantit énormément de choses: la création d'une famille, la procréation d'enfants, des positions stables au sein de la société, la certitude du lendemain. Le climat en Russie est plutôt froid, les hivers y sont rigoureux, c'est pourquoi il n'est pas question de trouver un abri durable dans des cabanes de bambou ou des maisonnettes en contreplaqué. La maison russe, cela doit être du "solide", avec des murs épais, un chauffage efficace, etc. Maintenant il est fréquent que les jeunes se construisent une maison eux-mêmes, mais étant donné que la plus grande partie de la population russe est citadine, bâtir une maison soi-même n'est pas l'apanage de tous.

Evidemment, dans les villes également les jeunes gens énergiques tentent de sortir de cette situation: des coopératives de construction de jeunes existent en Russie depuis un quart de siècle et elles affichent déjà plusieurs dizaines de milliers d'immeubles d'habitation érigés un peu partout dans le pays.

Néanmoins, ces associations de jeunes ne sont pas en mesure de régler entièrement le problème. Le président russe, Vladimir Poutine, estime que pour attribuer un logement à tous ceux qui en ont besoin il faut solliciter les ressources publiques. Aussi a-t-il inclus la construction massive de logements confortables et accessibles parmi les projets nationaux prioritaires dans la réalisation desquels sont impliqués l'Etat, le secteur privé, les partis politiques et les associations.

Comment les choses se présentent pour la jeunesse russe en ce qui concernent le logement? Selon les standards assez élevés de l'ONU et de l'UNESCO, une personne doit disposer de pas moins de 30 mètres carrés dans un appartement ou une maison. Chaque ménage doit posséder son propre logement de type traditionnel. Les standards internationaux prévoient pour chaque membre de la famille une pièce à laquelle il faut en ajouter deux autres d'utilisation collective.

La Russie ne satisfait pas encore à ces normes, mais elle espère y parvenir dans les années à venir. Selon les statistiques les plus récentes, au début du siècle un Russe disposait en moyenne d'un peu plus de 19 mètres carrés de surface utile. Environ 60% des citadins vivaient dans des appartements d'une et de deux pièces. En moyenne, 10 pièces étaient habitées par 13 personnes.

En Russie plus de 70% de la population occupent un logement indépendant. Les appartements "communautaires" restent encore nombreux à Saint-Pétersbourg où ils hébergent 21% des ménages. Le chiffre pour Moscou est de seulement 3%.

Le marché du logement, qui s'est formé au cours de la privatisation menée en Russie depuis le début des années 90, offre de nouvelles possibilités de règlement de la question. Les sondages révèlent que près de 18% des jeunes Russes ne sont pas confrontés au problème du logement. Pour 80% des jeunes la question se pose et elle est même essentielle pour 25% d'entre eux.

Pour l'instant les crédits bancaires sont trop onéreux pour les personnes souhaitant améliorer leurs conditions de logement et le système hypothécaire lancé en Russie voici quelques années n'a pas suscité le boum des ventes que l'on attendait sur le marché du logement. Avec cela, la classe moyenne, dans laquelle les promus de l'enseignement supérieur se fondent, a des possibilités d'achat d'appartement très limitées. D'ailleurs, cela concerne aussi les adultes. Le prix moyen du mètre carré de logement est trop élevé, à Moscou, par exemple, ce printemps il a atteint la barrière des 3.000 dollars et les experts prétendent que ce n'est pas là un maximum. Actuellement pour faire l'acquisition au prix de marché d'un deux-pièces standard, un jeune ménage doit engager une somme équivalent à dix à douze années de salaires.

Quoi qu'il en soit, les jeunes russes regardent l'avenir avec optimisme. Ils ont applaudi au projet national Un logement accessible et confortable proposé par le président, parce que seulement 3,2% des jeunes estiment être en mesure de pouvoir seul régler le problème du logement. Pour la majorité des autres ce programme est un espace de partenariat entre le secteur privé et l'Etat.

Au cours des sondages les sociologues ont observé une tendance étonnante. Il s'avère que pour les familles nombreuses et les foyers où trois-quatre générations vivent sous le même toit la question du logement se pose en des termes moins aigus que dans les familles européanisées classiques constituées du père, de la mère et d'un ou deux enfants. Et ce bien que la situation des familles nombreuses en matière de logement soit objectivement plus difficile. Dans ces familles ce sont peut-être des problèmes comme l'alimentation et l'habillement qui avancent au premier plan.

Pour les spécialistes, au fur et à mesure de l'augmentation de la demande de consommation le problème du logement deviendra essentiel pour pratiquement la totalité des jeunes russes. Qui voudra se soustraire à la tutelle parentale, qui souhaitera disposer d'un appartement plus vaste. Le projet national Un logement accessible et confortable a pour ambition d'anticiper cette situation.
© 2006 RIA Novosti

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