05 février 2016

Immobilier : Uberiser pour le meilleur, et non pour le pire

Par François Gagnon, Président ERA France et ERA Europe

On dit aujourd’hui de certains événements qu’ils sont « disruptifs » : ils perturbent l’existant au point de ne pas le laisser intact.
Il ne sera plus comme avant. Pour emprunter encore au langage contemporain, on peut dire que l’uberisation est « disruptive ».
Regardez ce qui arrive aux taxis. Une application internet sur le smartphone permet d’obtenir rapidement un VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur).
Le véhicule est impeccable et confortable, son conducteur élégant et aimable, le service raffiné et tout cela pour à peine plus cher.
De quoi ringardiser à tout jamais une partie du parc de taxis existant.

Si l’uberisation consiste à faire monter en gamme un métier, quel qu’il soit, on ne peut qu’y être favorable. Regardez l’immobilier.
Comme certains taxis, certaines agences immobilières auraient bien besoin d’un lifting. On les reconnait à leurs locaux vétustes et poussiéreux, leur personnel nonchalant, leurs estimations de valeur approximatives. Combien de prétendus agents immobiliers ne sont encore aujourd’hui que de simples porte-clés ?
Ils font visiter ce qu’on leur a donné en mandat et attendent que quelqu’un se décide à acheter.

Les grandes enseignes de la transaction immobilière et les réseaux de franchise ont, de longue date, modernisé le métier.
Depuis longtemps ERA a compris qu’il fallait se montrer performant, être connecté pour simplifier les recherches, proposer la visite virtuelle des biens, présenter des plans et des cartes en 3D, etc. C’est un ensemble de services qu’il faut assurer, aussi bien pour le vendeur (estimation appuyée par des références, compte-rendu de visites…) que pour l’acquéreur (présentation d’un dossier complet, connaissance approfondie des biens, accompagnement dans les démarches…).
On est là dans la logique « Uber » de satisfaction du client.

Mais si, en son temps, la franchise avait provoqué un électrochoc dans nos métiers de l’immobilier, on ne peut pas parler, même a posteriori, d’uberisation.
Car la différence de méthode fut énorme. S’il s’agissait bien d’élever les standards du métier et les compétences des professionnels dans l’intérêt des clients, le changement s’est fait dans le cadre de la législation sociale et fiscale en vigueur à l’époque. Aujourd’hui, la rupture consiste à faire table rase des archaïsmes, mais aussi des multiples freins à la libre entreprise, jusqu’à priver l’entrepreneur de sa protection sociale et l’État de ses recettes fiscales.

Réagir aux pesanteurs administratives qui poussent nos jeunes diplômés à s’expatrier, c’est salutaire.
Mais les retenir pour en faire des travailleurs précaires n’est pas la solution. Notre classe politique est à présent confrontée à un formidable défi : trouver le point d’équilibre entre la libre entreprise et la sauvegarde de notre modèle social. Faute de réponse appropriée, elle pourrait bien, elle aussi, se retrouver uberisée.

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